100 décibels ! C’est, d’après une étude menée par d’éminents chercheurs, le niveau sonore d’une bombarde mesuré à un mètre de l’axe du pavillon ! S’agissant d’un instrument champêtre, on s’étonne qu’il puisse faire l’objet de mesures scientifiques. Surtout que, jusqu’alors, rien ne nous dérangeait dans son utilisation quotidienne.
Et pourtant, ils l’ont fait ! Mesurer notre instrument emblématique, comme s'il s’agissait d’une vulgaire tondeuse à gazon voire d’un marteau-piqueur (Soyons clairs, nous n’avons rien à rapprocher aux tondeurs de gazon, pourvu qu’ils n’opèrent pas le dimanche au moment de la sieste. Ni aux défonceurs de bitume, pourvu qu’ils agissent loin de notre maison, et qu’ils ne réitèrent pas l’opération au même endroit deux mois après).
Bon, je vous le dit tout net, les gars : arrêtez de tout mesurer à tort et à travers. Il y a dans la bombarde, voire dans le biniou, une dimension poétique. C’est celle-ci qu’il vous faut étudier.
Vous ne disposez pas d’appareil pour analyser ce paramètre ? Est-ce une raison suffisante pour sombrer dans la facilité : la simple mesure d’une puissance sonore ? Voilà tout ce dont vous êtes capables, au prétexte qu’elle pourrait être dangereuse pour les oreilles et provoquer des dommages irréparables ? Selon vous, une exposition prolongée à un environnement sonore trop élevé (au-delà de 85 décibels) pourrait entraîner une altération temporaire ou définitive de l'ouïe ? Selon vous, le bruit a aussi d'autres effets indirects : augmentation de la fatigue, risques d'hypertension artérielle, troubles digestifs, nervosité, stress ?
Et si on s’en moquait, des dommages ? Et si on voulait continuer à danser, durant les belles soirées d’été (et même d’hiver, si on veut), les gavottes, An Dro, Anter Dro et autres Kas a barth ? Et même si on devenait sourds ? La belle affaire ! On vous rappelle qu’il y a un gars qui l’était (un allemand si je me souviens bien), et ça ne l’a pas empêché de composer ce tube que tout le monde connait : Pom-Pom-Pom-Pooommm.
Le niveau sonore est-il vraiment si dangereux ? Un bagad comptant un nombre important de bombardes, de cornemuses, de caisses claires, de grosses caisses, met-il en péril la santé publique ? Vous nous dites que les niveaux sonores ne s’additionnent pas. Alors où est le problème ? N’êtes-vous pas émus quand vous voyez défiler un bagad dont les membres, fièrement vêtus de leurs plus beaux habits traditionnels, interprètent ces airs que le monde entier nous envie ?
Continuez comme ça et on va pousser un grand coup de gueule à 110 décibels ! Si vous ne voulez pas devenir sourds, vous savez ce qu’il vous reste à faire….
Gérard Campan