Z’ont été décrochés hier les 55 choristes croqués par Muriel Louette (Photo de Bob Nicol), mais aujourd’hui est déjà là, et Avril ouvre les portes de L’éphémère sous le signe d’une autre poésie : celle de l’écrit. Déjà oui, des affiches porteuses d’aphorismes ont squatté les vitres du 28 de la Grande Rue de Port-Louis, et tout passant peut devant elles se montrer perplexe, enthousiaste, rêveur ou agressif, elles agissent comme autant de miroirs pour celui qui les regarde.
Mais dedans, une fois les portes de L’éphémère ouvertes, le même passant, réel ou imaginaire, peut découvrir les cinq tables de cire de Christophe Desforges, tables d’expériences intimes où des bribes de sa mémoire croisent celles de Kérouac, Buster Keaton, Malcom Lowry, Johnny Cash, ou Neil Young - tables qu’éclairent d’étranges corbeaux lumineux qui les survolent tels des envoyés d’Alfred Hitchcock ou de Edgar Allan Poe. Et l’on peut aussi, dans les coins ou recoins des murs, y lire des vers de René Char, Blaise Cendrars, T.S. Eliot, Arthur Rimbaud, W.B.Yeats, Emily Dickinson, Michel Butor, Philippe Jaccottet, Abdellatif Lâabi, Carolien Sagot-Duvauroux, toute liste est par essence éphémère, et tout poème peut disparaître afin de laisser place à un autre, peu importe, ces textes ont tous en commun ces vers de Yves Bonnefoy : « On me disait :lis, écris. Et j’essayais, je prenais un mot mais il se débattait, il gloussait comme une poule effrayée, dans une cage de paille noire tachée de vieilles traces de sang. » Alors, avec ou sans lunettes, à la loupe ou au monocle, mais toujours les yeux grands ouverts, venez lire et voir ces traces de vie qui nous disent en vers les revers de notre vie d’aujourd’hui.
Et ce n’est pas tout, non, les dimanches 5, 12 et 19 Avril, pour tous les funambules de l’existence que vous êtes, vous pouvez à 16 heures venir partager avec moi 3600 secondes sur un fil, et je vous dirai comment et pourquoi la poésie a changé ma vie, ce sera comme une conversation habitée et nul dimanche ne sera pareil, et pour égrener ces 3600 secondes comme un chapelet d’éternité, des amis seront à mes côtés, et rien ne vous interdit d’en être, il vous suffit de considérer que « ce n’est pas de lui que le poète parle dans ses vers, c’est par lui que Autrui peut parler. »
Joël Jouanneau