Etre ou ne pas être ... Minahouet

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Des Minahouets, vous en connaissez tous ! Vous les avez croisés sur le bateau-bus, sur le marché de Port-Louis, sur les quais et dans les bistrots des ports de la rade et d’ailleurs … et à Locmiquélic, bien sûr, puisqu’ils viennent tous de là-bas, c’est écrit sur leur carte d’identité, à ce qu’ils disent !

Ne leur demandez pas pourquoi on les appelle ainsi, vous risquez de déclencher une discussion très… passionnée. Même les membres du comité d’histoire, qui ont étudié la question pendant quelques années n’ont pas réussi à se mettre d’accord. Comme leurs congénères, certains sont sûrs de détenir la vérité mais bien entendu chacun a la sienne. Ils sont plus nombreux à hésiter, aucune des hypothèses avancées ne pouvant les convaincre tout à fait.

Il y a tout de même un point qui les rassemble : leur surnom viendrait d’un outil que leurs ancêtres auraient utilisé. On dit même qu’ils le portaient à la ceinture. L’instrument n’était donc pas très grand. Reste qu’il faut choisir entre différents instruments qui partagent ce drôle de nom. Heureusement, sinon il n’y aurait pas d’énigme !

Le comité d’histoire en a fait l’inventaire, collectionné ceux qui sont encore utilisés et reconstitué ceux qu’on n’a pas vu depuis belle lurette, ceux qui sont dans les dictionnaires français et étrangers et ceux qu’on ne trouve que dans les dictionnaires bretons.

Il y a donc le fameux maillet qui sert encore à fourrer les cordages, qu’on appelle ainsi sur toutes les mers du monde. Il n’a pas toujours eu l’aspect qu’il a aujourd’hui. Celui que les archéologues ont trouvé dans le port de Marseille datés du 2ème siècle a plutôt la forme d’une planchette, et il a gardé cette forme très longtemps si on en croit les ouvrages spécialisés.

Il y a le « bois rond » qui servait à raidir les haubans de hune et de perroquet qui a disparu depuis que l’acier a remplacé le chanvre et que le CHL a sorti de l’oubli.

Voilà pour le mot français mais à l’époque où les villageois ont été ainsi baptisés, ils parlaient breton. Et partout en Basse-Bretagne, le mot est utilisé pour désigner différents outils de perçages, alènes ou poinçons, outils qui revêtaient des aspects variés. Le minahouet du cordonnier n’est pas le même que celui du voilier et les poinçons avaient une taille adaptée à leurs différents usages. Mais les minahouets étaient tous des instruments pointus, se faufilant partout. Le terme entre d’ailleurs dans bon nombre d’expressions bretonnes plus ou moins imagées et parfois grivoises (il désignait aussi le sexe masculin dans le langage populaire).

Les habitants de Locmiquélic sont les seuls à porter collectivement ce surnom et ce, depuis fort longtemps, très probablement bien avant 1850 (On trouve l’appellation intégrée et revendiquée dans un journal de 1910). Il semble cependant qu’on interpelait aussi de cette façon les petits garçons dans le pays de Lorient, et ceci au-delà des limites de Locmiquélic. Il a par ailleurs été trouvé trace d’individus ainsi nommés, le plus ancien étant un meunier de Locpéran (ancien nom de Port-Louis) en 1522.

A l’heure actuelle, rien ne permet d’affirmer qu’un instrument est plutôt qu’un autre à l’origine du sobriquet puisqu’ils étaient tous d’usage courant dans une population essentiellement composée de marins. Il garde donc tout son mystère. Chacun l’interprète à sa façon. C’est probablement ce qui fait tout son charme